Botro : la terre, l’école et l’avenir

LP Botro

Sous le soleil de midi, les rangées d’aubergines violettes s’étendent à perte de vue. Dans ce champ-école de vingt hectares, à quelques kilomètres de Bouaké, des jeunes en tenue bleue s’affairent entre les sillons. Ici, au Lycée professionnel agricole de Botro, on n’apprend pas seulement à cultiver la terre : on y apprend à semer pour l’avenir.

Créé dans le cadre du Programme DEFI, avec le soutien de l’AFD à travers le C2D, ce lycée est le premier du genre en Côte d’Ivoire. Il a pour mission de former gratuitement des jeunes aux métiers agricoles : maraîchage, mécanisation, transformation, irrigation ou valorisation fermière. Sur une superficie de 25 hectares, l’établissement allie enseignement théorique et pratique, avec l’appui scientifique de l’Institut agricole de Montpellier.

Chaque jour, Véronique, une vingtaine d’années, rejoint sa parcelle de piment. « Cultiver le piment, ce n’est pas compliqué quand on connaît les étapes », dit-elle en souriant. « Ici, on apprend à produire mieux, à planifier les récoltes et à vendre au bon moment. » À ses côtés, Junior N’Guessan inspecte les plants de tomate et de concombre : « Avant, je ne savais pas espacer les plants ni calculer les apports. Aujourd’hui, tout est clair. »

Sous la direction de Karidioula Peguegnami, le lycée mise sur une pédagogie de l’action. « Notre ambition, explique-t-il, c’est de former des entrepreneurs agricoles. Les jeunes doivent maîtriser toute la chaîne, de la pépinière à la commercialisation. » Déjà, plus de la moitié des deux premières promotions ont lancé leur propre activité, malgré un obstacle persistant : le manque de financement. « Les banques hésitent encore à nous faire confiance », regrette Isaac Kouakou, ancien élève devenu maraîcher.

Le Lycée professionnel sectoriel de Botro, dont la construction a mobilisé 3,6 milliards de francs CFA, pourra accueillir à terme 500 apprenants. Les formations, diplômantes, débouchent sur des CAP, CQP, BT et bientôt BTS dans les métiers de l’agriculture et de la transformation.

Dans cette région du Gbêkê, où la jeunesse cherche encore ses repères, le lycée de Botro est devenu un symbole d’espoir. Entre tradition et modernité, il incarne une promesse simple mais puissante : celle d’une école enracinée dans la terre, tournée vers l’emploi et la dignité des jeunes ruraux.