Lire, écrire, entreprendre : l’histoire inspirante de Soungfougnonwari Koné

Koné

Il y a encore quelques années, KONE Soungfougnonwari ne savait ni lire ni écrire.
Sa vie de vendeuse d’attiéké en gros était pénible : des journées épuisantes, peu rentables, sans perspectives d’évolution.

« Ma situation n’était pas reluisante », confie-t-elle sans détour.
Pourtant, derrière cette phrase modeste se cachait une volonté silencieuse : faire mieux, faire autrement.

En 2021, sa vie prend un tournant inattendu. « Ce jour-là, j’étais en train de tailler du manioc quand le sous-préfet de Badika, mon village, m’a parlé d’une formation à Bouaké et m’a encouragée à m’inscrire », se souvient-elle.
Sans hésiter, Soungfougnonwari laisse tout tomber et prend la route pour le Centre du Service Civique de Bouaké.

Là-bas, elle apprend à lire et à écrire, mais pas seulement. Elle découvre aussi la discipline, l’hygiène, le respect du travail bien fait et la gestion du temps.
« Chaque matin, je me réveillais tôt et je rangeais ma chambre avant de partir. On nous a appris à être rigoureuses et responsables », raconte-t-elle.
Des apprentissages simples en apparence, mais qui deviendront la base de sa nouvelle vie.

À la fin de sa formation, elle doit effectuer un stage à Korhogo. Mais la distance et les coûts du déplacement sont trop élevés.
Touché par sa détermination, le préfet de Bouaké décide alors de la soutenir : il finance l’achat de 300 poulets, bientôt rejoints par 150 autres offerts par la responsable du Service Civique.

La jeune femme applique aussitôt ce qu’elle a appris au centre.
« La formation m’a ouvert les yeux. J’ai compris comment organiser une activité, gérer, planifier, et croire que moi aussi, je pouvais réussir », dit-elle.

Avec ce premier capital, Soungfougnonwari loue une petite ferme à 20 000 francs CFA par mois. Elle y vit encore aujourd’hui, au milieu de ses volailles.
Chaque matin, elle nourrit ses poulets, nettoie les enclos et, l’après-midi, vend des oranges au marché pour compléter ses revenus. « Je ne dors pas beaucoup, mais je suis heureuse de travailler pour moi-même », dit-elle avec un sourire discret.

Un an plus tard, sa ferme tourne, son projet s’affermit, et son ambition grandit.
Elle veut agrandir son exploitation, employer d’autres jeunes femmes et partager ce qu’elle a appris. « Je veux être la femme qui n’a pas un bon niveau de français, mais qui a réussi à se bâtir et à accompagner les autres à réaliser leurs rêves », affirme-t-elle avec fierté.

Pour cette mère de deux enfants, la réussite ne se mesure pas qu’en chiffres, mais en impact.
Elle veut désormais transmettre son savoir, montrer que, même avec peu de moyens et un niveau scolaire limité, il est possible de se bâtir un avenir solide.
Une philosophie en parfaite harmonie avec la mission des Centres du Service Civique : redonner confiance, inculquer des valeurs et préparer les jeunes Ivoiriens à devenir des citoyens autonomes et utiles à la société.