Quand le travail transforme les jeunes : THIMO en Côte d’Ivoire

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Chaque matin, à Daloa, Tabou ou à Abidjan, des dizaines de jeunes s’élancent vers les artères de leur ville. Ils balaient, curent, aménagent, sous la bannière du programme THIMO (Travaux à Haute Intensité de Main-d’œuvre). Ce dispositif, lancé par l’Agence Emploi Jeunes (AEJ), vise à offrir un emploi temporaire à des jeunes souvent déscolarisés ou peu qualifiés, tout en participant à l’entretien du cadre de vie.

L’idée n’est pas nouvelle : la main-d’œuvre locale devient moteur de l’aménagement du territoire. Le gouvernement ivoirien s’appuie sur ce dispositif depuis 2019. Sur cette seule année, 6 550 jeunes ont été engagés dans THIMO. Pour 2020, l’objectif ambitieux était de 18 450 opportunités, et depuis, le programme ne cesse de monter en puissance.

Le dispositif vise les jeunes hommes et femmes âgés de 18 à 40 ans, de nationalité ivoirienne, résidant dans les localités couvertes et ayant un niveau d’études inférieur ou égal à la classe de 3ᵉ. L’AEJ présente THIMO comme un véritable outil d’insertion : plus qu’un simple travail temporaire, il favorise l’employabilité, la socialisation et l’accès à un revenu.

Comment ça marche ?

Chaque jeune retenu signe un contrat d’environ six mois. Pendant cette période, il perçoit une indemnité mensuelle de 55 000 FCFA, dont une partie est mise en épargne pour financer un projet à la sortie. Les activités sont concrètes : curage de caniveaux, entretien des espaces verts, assainissement, désherbage des rues. Dans certaines localités, les jeunes bénéficient également de modules de formation de base ou de sensibilisation à l’entrepreneuriat.

D’un point de vue socio-économique, THIMO agit comme un véritable filet social. Les bénéficiaires améliorent temporairement leur revenu et retrouvent une dignité liée au travail. Des études montrent que ces expériences renforcent aussi la confiance, la discipline et la capacité d’organisation. Plusieurs jeunes, après leur passage dans le programme, ont lancé une activité ou trouvé un emploi.

Un lien fort avec le développement territorial

THIMO s’inscrit dans les politiques publiques d’emploi et de développement, notamment à travers le Programme Social du Gouvernement et les financements du Contrat de Désendettement et de Développement (C2D). Dans des régions comme le Lôh-Djiboua, il est devenu un outil d’aménagement local, mobilisant les communes et dynamisant les économies rurales.

Pour les décideurs, le défi est clair : transformer l’emploi temporaire en tremplin durable. Cela passe par la formation technique, l’entrepreneuriat, les chantiers-écoles et les passerelles vers l’apprentissage. Le dispositif, qui donne une seconde chance à des milliers de jeunes, gagnerait à s’inscrire davantage dans une logique de qualification et de trajectoire professionnelle.

THIMO n’est pas qu’un programme d’assainissement : c’est une école de vie et un symbole d’inclusion. Il prouve qu’avec un peu de travail, d’encadrement et de vision, chaque jeune peut contribuer à bâtir un pays plus propre, plus solidaire et plus confiant.