VBG et grossesses précoces : le MENA sonne la mobilisation nationale

ITV Brou Gerogette Grossesse scolaire

En Côte d’Ivoire, la montée des violences basées sur le genre (VBG) et des grossesses précoces constitue un frein majeur à la scolarisation et à la réussite des filles. Face à cette situation, le Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (MENA) déploie, à travers la Direction de l’Égalité et de l’Équité du Genre (DEEG), une vaste campagne nationale placée sous le signe de la “Tolérance Zéro”.
Dr Gnangon Georgette Brou explique les objectifs, les actions et la vision de cette initiative qui vise à bâtir une école ivoirienne sûre, inclusive et égalitaire.

Dr Gnangon Georgette Brou

1. Quelle est la portée et les objectifs de la campagne “Tolérance Zéro” menée par le MENA contre les VBG et les grossesses précoces ?

Cette campagne nationale vise à prévenir et à combattre les violences basées sur le genre et les grossesses précoces en milieu scolaire, à travers une approche globale de sensibilisation, de formation et de responsabilisation.
Elle cible l’ensemble des acteurs du système éducatif : élèves, enseignants, encadreurs, parents et communautés autour d’activités variées : causeries-débats, ateliers, émissions, projections éducatives, concours inter-écoles ou encore mise en place d’espaces sûrs et de clubs scolaires promouvant l’égalité et le respect.
L’objectif est clair : faire de l’école un lieu d’apprentissage sans peur, où chaque enfant, fille ou garçon, peut s’épanouir dans la dignité et la sécurité.

2. Pourquoi cette campagne était-elle devenue une urgence pour le système éducatif ivoirien ?

Le MENA est parti d’un constat préoccupant : chaque année, des centaines d’adolescentes sont contraintes d’interrompre leur scolarité en raison d’une grossesse, d’un mariage précoce ou de violences subies à l’école ou dans la communauté.
Ces phénomènes freinent la scolarisation des filles et compromettent les efforts d’égalité des chances.
La campagne s’inscrit donc dans les engagements de l’État ivoirien en matière d’égalité de genre, de protection de l’enfance et de mise en œuvre des Objectifs de Développement Durable (ODD 4 et 5). Elle traduit la volonté du MENA de bâtir une école protectrice et inclusive.

3. Quelles sont les principales mesures et actions mises en œuvre pour prévenir et gérer les cas de VBG en milieu scolaire ?

Le MENA dispose d’un cadre institutionnel solide fondé sur plusieurs arrêtés et codes de conduite.
Parmi eux :

  • l’interdiction des punitions physiques et humiliantes (Arrêté N°0075 du 28 septembre 2009) ;
  • la création des Clubs des Mères d’Élèves Filles (CMEF) pour renforcer le rôle éducatif des femmes dans la communauté (Arrêté N°0041 du 13 avril 2017) ;
  • et le Code de conduite du personnel enseignant (Arrêté N°0111 du 24 décembre 2014).

Le MENA travaille également en étroite collaboration avec le Ministère de la Femme, de la Famille et de l’Enfant (MFFE) et les organisations de la société civile au sein de plateformes VBG et de groupes de travail interinstitutionnels pour assurer la prévention, le signalement et la prise en charge des cas.

4. Comment le ministère soutient-il les jeunes filles victimes de VBG ou de grossesses précoces ?

Le MENA a mis en place plusieurs mesures réglementaires en faveur du maintien et du retour à l’école des filles concernées :

  • Arrêtés N°253 et N°254 du 12 août 2024 relatifs au report de scolarité dans le primaire, le secondaire et les CAFOP ;
  • Création de commissions régionales de report associant plusieurs ministères et communautés locales pour faciliter la réintégration ;
  • Adoption de la Stratégie Nationale de Réintégration des Élèves Filles Enceintes Mères (SNREF), soutenue par des campagnes de sensibilisation à grande échelle.

Ces dispositifs garantissent que la grossesse ou les violences subies ne mettent plus fin à la scolarité d’une fille, mais ouvrent un chemin de résilience et de seconde chance.

5. Quelle vision le MENA porte-t-il pour une école véritablement sûre et équitable ?

La vision du MENA s’inscrit dans sa Politique Genre : à l’horizon 2030, garantir l’égalité des chances et l’équité pour tous, en termes d’accès, de maintien, de réussite et d’employabilité.
Une école sûre et équitable, c’est une école qui protège, écoute et valorise chaque élève, où la prévention des violences, la promotion du leadership féminin et la culture du respect deviennent des piliers.
À travers des initiatives comme les clubs de leadership féminin, les espaces sûrs et les activités de mentorat, le MENA encourage la confiance, l’expression et la participation active des filles.

“L’éducation de qualité, levier de transformation durable de la Côte d’Ivoire”, tel est le mot d’ordre rappelé par la ministre Mariatou Koné. Pour y parvenir, enseignants, parents et élèves doivent s’engager ensemble à faire de l’école un espace d’équité, de respect et de transformation sociale.

En chiffres

Pour l’année scolaire 2022-2023, 6 681 cas de grossesses ont été enregistrées par le mena contre 4 266 cas de grossesses pour l’année scolaire 2024-2025 soit une baisse de 36,5%.

Au titre de l’année scolaire 2021-2022, les données statistiques sur les grossesses en cours de scolarité ont révélé des zones avec des pics.

  • Abidjan : 528 cas
  • Soubre : 392 cas
  • Korhogo : 336 cas
  • Yamoussoukro : 328 cas
  • Bondoukou : 296 cas
  • Daloa : 75 cas